5 janvier : Sao Paulo (2)

Bon, tant pis, je profite de l'ordi de l'Ibis et j'ecris directement dans Canlblog ; tant pis pour les accents et les cedilles, et j'espere que ca ne ressortira pas en caracteres noirs sur fond noir comme deux ou trois fois deja...

Demarrage beaucoup plus tot qu'hier car le programme est charge :

- Metro de la station Paulista, litteralement a 50m de l'hotel, jusqu'au Terminal de Onibus pour reserver nos billets en direct car par Internet il fallait absolument indiquer son numero fiscal... Arrivee dans un Terminal du 22eme siecle, immense, climatise partout, tres bien signalise, plein de monde mais sans panique ni bousculade ; Sue avait repere, parmi le tres grand nombre de compagnies possible, l'Expresso do Sul, chez qui nous reservons donc deux places pour demain matin 10h45 (duree 6h, donc arrivee Rio 16h45) directement sur ecran interactif ; et naturellement le bus a le wifi gratuit... Trop forts ces Bresiliens.

- Metro dans le sens contraire jusqu'a Praca da Republica, toujours en utilisant nos passeports comme billets (Trop forts ces B), remontee  d'une avenue vers le Copan, un des plus hauts immeubles de SP, architecte Niemeyer (allons-y : ni pire), donc beton + lignes courbes - ici l'immeuble tout entier dessine un gigantesque S, a la facade malheureusement entierement recouverte (sur les 38 etages !) d'un filet presque invisible pour empecher des petits fragments de vieux beton de blesser des passants en bas... Sue avait repere qu'ils ne laissent monter qu'un petit nombre de gens tous les matins a 10h30 precises, et nous y sommes pile, ainsi qu'une vingtaine de touristes dont 3 francaises de Bourgogne ; ascenseur tres rapide et nous voici a 100 metres de haut sur une terrasse d'observation en plein air (!) mais tres spacieuse et tres sure et avec une vue circulaire extraordinaire sur toute la ville, et plein de temps pour en profiter (Trop forts C B)

- Retour a Praca da Republica a peine entrevue tout a l'heure : sympa, grands arbres, c'etait a la Belle Epoque le lieu de promenade chic de la bourgeoisie paulista, mais un peu decati aujourd'hui avec clochards sur les pelouses et travestis au detour des allees ; sur un cote, beau batiment classique (mais construit en 1946 !) abritant le Ministere de l'Educacao ; a un angle de la place, un immeuble de 25 etages egalement construit par Niemeyer mais curieusement baptise Edificio Eiffel...

- Poursuite a pied de la decouverte de ce quartier, o Centro, ou se trouvent comme il se doit les plus anciens batiments de la ville ; et la, nous allons y passer plus de trois heures tellement tout est passionnant, beau, agreable, attirant, etrange, sympa : Theatro Municipal, enorme mais bien entretenu, jusqu'aux vitraux Art Deco de ses entrees ; rue San Bento, bourree de magasins et de chalands ; traversee du Viaduto do Cha (cha=the, architecte francais Jean Martin), qui enjambe un parc sous lequel passe une autoroute urbaine...; 'lanche' (= dejeuner) dans un resto rapide de bollinhos da bacalao, bollinho da carne, salada de frutas, jugo de laranja, cerveja ; poursuite de la balade jusqu'a la Praca San Bento ou un type chante des bossa nova en s'accompagnant a la guitare, de facon si agreable que nous sommes bien une cinquantaine a l'ecouter en lezardant a l'ombre sur des chaises longues mises a disposition par un Centro Abierto d'accueil ; coup d'oeil au pont metallique Santa Efigenia (fabrique en Belgique !) ; remontee jusqu'a la Casa Matilda, celebre patisserie portugaise 'commissionnee' par le roi a la fin 18eme siecle, ou nous degustons une super glace ; flanerie dans les rues etroites bordees des anciens sieges des banques, heureusement maintenus aujourd'hui comme 'centres culturels' ce qui permet de visiter les magnifiques halls d'entree Art Deco et Art Nouveau... (Trop F C B) ; arrivee 'la ou tout a commence', le lieu ou les deux Jesuites ont demarre au 16eme la ville puis un Collegio toujours debout ; la Praca da la Se, enfin, c'est a dire place de la Cathedrale, aux magnifiques palmiers 'imperiaux', beaucoup plus interessante que le monument lui-meme acheve en 1954...

- Bus jusqu'au grand parc du sud de la ville, Parque Ibirapuera, magnifique, immense, avec deux grands lacs, une vegetation superbe et deux ou trois musees 'Niemeyer', et surtout un vaste espace couvert ou tous les skates, patins et trottinettes s'en donnent a coeur joie a l'abri du soleil ou d'une eventuelle pluie (T F C B)...

- Bus retour jusqu'a Paulista, que nous remontons a pied jusqu'a Consolacao et notre Ibis (je dis notre parce qu'il doit y avoir plus d'une dizaine d'Ibis dans Sao Paulo !), avec achat a un Carrefour Express (!) de quoi grignoter en chambre.

Fin de la promenade-decouverte d'une petite partie de cette ville extraordinaire, qui va je pense etre notre 'coup de coeur' du voyage !

Et pourtant...

Ce 'codicille' est un peu du au hasard. En jetant mon gobelet de cafe, je dis un mot au type, noir, qui est derriere le bureau d'accueil, il note mon accent francais et c'est parti ! Prosper Dinganga, natif du Congo Kinshasa, refugie politique au Bresil depuis 4 ans suite a torture (il en porte les cicatrices), nous rappelle fort justement ce que nous avions ressenti et ecrit en octobre en traversant le nord du pays : le Bresil est profondement, culturellement et institutionnellement raciste ; il n'a jamais resolu ce probleme, les noirs sont systematiquement marginalises. Prosper a un Master en Relations Internationales, il travaille a l'accueil des Ibis ; il est marie avec deux enfants, mais vient de 'renvoyer' sa famille en France (a Orleans ou il a des relations) pour eviter que ses enfants ne soient systematiquement marginalises au Bresil ; son projet a moyen terme est de les retrouver en France, mais a plus long terme de retourner au Congo, en famille, et de trouver un emplois a la hauteur de sa formation et de ses capacites.

Donc, ma rengaine "Trop Forts Ces Bresiliens" doit etre serieusement temperee par la prise en compte de ce constat : le Bresil, qui est le 2eme pays noir du monde derriere le Nigeria (!), n'a absolument pas regle son probleme de coexistence positive entre ses differentes communautes, noirs bien sur, mais natifs egalement qui sont autant marginalises...

Comments

[Petit Scarabée]

Après vous avoir laissé quelques jours (mais certes pas délaissé) pour cause de trêve des confiseurs, je reprends votre périple et en profite pour vous souhaiter une bonne et heureuse année 2018 déjà riche en émotion.